Julien Favier est maître de conférences au département de mécanique d’Aix Marseille Université depuis 2012, responsable du master de mécanique. Il est aussi chef d’équipe au laboratoire M2P2 rattaché à AMU, Centrale et au CNRS, situé au sein de l’Ecole Centrale.
Ce marseillais d’origine, passé par les bancs du lycée Thiers, a ensuite intégré l’ESM2 puis fait une thèse à l’IMFT Toulouse, pour suivre ensuite un parcours international, en passant notamment par l’Université de Gênes en post-doctorat, le CIEMAT à Madrid et Queens University au Canada. Il développe alors un projet Européen nommé « Pelskin » qu’il coordonne, mettant en jeu plusieurs universités étrangères, et visant à doter des ailes d’avions d’un revêtement aéronautique inspiré de plumage d’oiseaux pour améliorer leurs performances.
Il revient à Marseille en 2012, avec un solide bagage en aéronautique et modélisation numérique, mais avec également une envie : celle que ses recherches aient une résonnance plus forte dans la société. Cette envie se transforme en idée, celle de lier ses connaissances avec le secteur de la santé. Il fait alors un lien entre ces revêtements bio-inspirés et ce qui se passe dans nos poumons, au niveau des bronches, qui sont tapissées de « cils » aux propriétés physiques étonnement similaires.
Une synergie se crée alors entre divers enseignants chercheurs et chercheurs CNRS locaux, Sébastien Poncet, Umberto d’Ortona et Isabelle Seyssiecq, pour étudier les propriétés physiques du mucus bronchique et la propulsion par battements ciliaires, avec en toile de fond des interactions avec Physio-Assist, start-up propulsée par Impulse, l’incubateur universitaire installé sur le Technopôle. Le groupe de chercheurs, fort d’une thèse CIFRE réalisée par Olivier Lafforgue, participe ainsi à l’élaboration du Simeox, un dispositif médical désormais commercialisé qui permet de soulager les patients atteints d’asthme ou de BPCO en désencombrant les bronches, en complément des massages kinésithérapeutiques.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là car avec ses connaissances en simulation numérique, Julien s’allie avec Pascal Chanez, pneumologue à Marseille, Annie Viallat du Cinam (Centre interuniversitaire de Nanoscience de Marseille) de Luminy et veut désormais comprendre et donc traiter ces maladies en étudiant par simulation numérique les mouvements ciliaires à l’intérieur de nos bronches. Et c’est une formidable coopération qui se met en place, entre les compétences en biophysique du Cinam, les Hôpitaux de Marseille, et les outils de modélisation à Château Gombert. Ce projet ambitieux de long terme, nommé « projet macBion » a déjà reçu le financement du Labex MEC ainsi que d’Amidex, des fonds d’aide à la recherche scientifique.
En 2030 on estime que les BPCO et l’asthme seront la troisième cause de mortalité dans le monde, ce qui implique des dépenses de santé de plus en plus importantes. Ces maladies sont de plus corrélées avec la pollution aux particules fines et le tabac, qui diminuent la concentration ciliaire des bronches et rendent difficile l’écoulement du mucus.
Julien porte beaucoup d’espoir dans ce projet et espère arriver à mieux caractériser ces maladies respiratoires chroniques afin de pouvoir à terme mieux les traiter